Vendanges 2025 en Suisse: une récolte prometteuse, mais le moral des vignerons en berne
Contexte économique des vendanges 2025
Les professionnels de la vigne traversent une période marquée par des tensions financières. Les coûts de production dépassent les revenus pour de nombreux vignerons et vigneronnes, si bien que les vendanges se réalisent souvent à perte et les caves se retrouvent pleines de bouteilles invendues.
Causes majeures
Trois éléments expliquent ce contexte difficile: une baisse de la consommation de vin suisse, surtout chez les jeunes; la concurrence des vins étrangers; et les aléas climatiques qui renchérissent le coût du travail à la vigne.
Paroles et situation sur le terrain
À Blonay (VD), le vigneron François Montet décrit un contraste net entre la dégradation financière et une qualité de raisin remarquable: il rappelle que « la qualité est magnifique, le raisin est beau », après une série de millésimes. Il souligne qu’on observe une surproduction mondiale par rapport à la demande, ce qui pousse à exporter davantage, notamment vers la Suisse, et que les importateurs mobilisent des moyens importants pour promouvoir leurs vins.
Sur le plan financier, Montet évoque un état critique et craint que certaines exploitations puissent mettre la clé sous la porte.
Sur 3750 hectares de vignes, 400 hectares ne sont pas pris en charge, selon Montet. Il déclare que financièrement, c’est un zéro pointé, et que le secteur est confronté à un risque d’abandon pour certaines exploitations.
Impacts et perspectives
Le moral des professionnels est lourd. Olivier Mark, président de l’Interprofession du vin vaudois, affirme n’avoir jamais vu les vignerons aussi inquiets. Mathias Delaloye, président de la Chambre valaisanne d’agriculture, évoque des drames économiques voire humains à venir.
Abandon possible et révision du vignoble
Des parcelles pourraient être abandonnées ou restructurées pour stabiliser le marché. François Montet rappelle que des campagnes d’arrachage ont été menées ailleurs et que certains pans de vignoble difficiles d’accès ou peu rentables pourraient finir par disparaître, ce sujet restant encore tabou dans le canton de Vaud.
Pour sa part, Yann Huguelit, président de l’interprofession de la vigne et du vin du canton de Neuchâtel, estime que la restructuration du vignoble n’est plus taboue et peut constituer une voie permettant au vigneron de viser une rentabilité équivalente sur une surface réduite.
Réponses et politiques publiques
Au niveau fédéral, un groupe de travail s’est réuni pour la première fois avec le Conseil fédéral en août. Ses propositions principales visent à accroître le budget dédié à la promotion des vins suisses, à réviser les contingents d’importation afin de favoriser les vins helvétiques et à apporter des aides directes pour les professionnels qui n’arrivent pas à vendre leur récolte, afin d’assurer la transition et la continuité de la production.
Plusieurs interventions parlementaires, de sensibilités diverses, portent sur la protection des vins suisses face à la concurrence étrangère et restent en cours de traitement.
Perspective sur le millésime 2025
Selon Yann Huguelit, le millésime 2025 pourrait être prometteur, même dans un contexte de crise des ventes du vin suisse. Il appelle à redimensionner la viticulture à moyen terme, voire à court terme, en privilégiant la valeur ajoutée, en réduisant la production et en visant des consommateurs prêts à payer davantage une bouteille suisse.