Twitch et le débat politique en France : une scène en direct qui attire les jeunes et renouvelle le commentaire
Twitch et le débat politique en France : une scène en direct qui attire les jeunes et renouvelle le commentaire
Alors que les échanges politiques s’invitent sur les plateformes de streaming, Twitch s’impose comme un nouvel espace d’expression en France. Pour Usul, chroniqueur sur l’émission Backseat, la plateforme rappelle l’esprit des radios libres des années 1970 et 1980, avec une configuration minimale où un émetteur et un micro suffisent pour prendre la parole. « Pas besoin de diplôme, t’as de la tchatche, ça peut passer », affirme-t-il, notant toutefois que « pour passer à la télévision, il faut être sur une chaîne possédée par quelqu’un ».
Backseat : une télévision en streaming, mais avec des codes différents
Sur Twitch, l’émission Backseat, animée par le streamer Jean Massiet, reprend certains codes de la télévision — invités, débats, chroniqueurs — mais avec une distribution et une tonalité distinctes. Usul voit émerger « une nouvelle génération de commentateurs politiques qui n’ont pas les mêmes idées et discours que ceux qu’on entend à la télé », et qui « peuvent se permettre de penser différemment en dehors du cercle de la raison bourgeoise ».
Si Usul se situe à gauche, l’émission Backseat demeure ouverte à des invités venus de tous horizons, à l’exception des représentants de l’extrême droite.
Des analystes reconnus migrent vers Twitch
Des chroniqueurs issus des médias traditionnels s’installent aussi sur Twitch. C’est le cas du politologue Clément Viktorovitch, passé par CNews, RTL, Canal+, France Info et TMC. Suivi par plus d’un million d’internautes, il voit dans la plateforme de streaming des avantages comme « la liberté de ton, l’expression plus vive des émotions, le choix des sujets et l’interaction directe avec le tchat ».
Le cadre de l’expérience est centré sur le direct : les vidéastes, appelés « streameurs », peuvent rester en ligne pendant plusieurs heures. Pour Viktorovitch, la longévité du live permet de dépasser les cadres de l’analyse politique traditionnel : « chez les chroniqueurs des médias traditionnels, l’élaboration de la pensée se fait souvent à huis clos. Sur Twitch, le dialogue avec l’audience et l’échange en temps réel nourrissent la réflexion pendant qu’on parle. »
Simplicité et proximité, des valeurs clés
La simplicité et la proximité constituent des valeurs centrales sur Twitch. Alexandre Borrell, spécialiste des sciences de l’information et de la communication, rappelle que la réussite tient aussi à la simplicité : « si on veut faire quelque chose qui ressemble à Twitch, même avec des moyens importants, l’idée est de rester relativement simple ».
Cependant, Viktorovitch rappelle que l’authenticité peut être partiellement artificielle : « les viewers ont l’impression de nous connaître, ce qui n’est pas tout à fait vrai, car on porte aussi un masque ».
Une plateforme aussi envisagée par les acteurs politiques
Les politiciens perçoivent l’intérêt de Twitch pour toucher un public plus jeune, parfois peu réceptif à certains formats traditionnels. En France, on observe une mobilisation autour de nombreuses causes, tout en notant que le taux de participation au vote reste variable parmi ces publics. Selon Borrell, l’objectif initial était de capter l’attention des gamers et de leur audience vers la politique.