Plan intercantonal pour le bracelet électronique : les cantons accélèrent la lutte contre les féminicides en Suisse

Un dispositif intercantonal pour accélérer la surveillance des auteurs de violences domestiques

En Suisse, l’association Electronic Monitoring, présidée par le conseiller d’État vaudois Vassilis Venizelos, prépare un plan intercantonal visant à déployer le bracelet électronique dynamique, dispositif de surveillance en temps réel des auteurs de violences conjugales. Cette annonce a été relayée ce dimanche par l’émission Mise au Point, qui détaille les contours du projet.

Des objectifs clairs et un calendrier ambitious

Selon les déclarations, le premier objectif est fixé au printemps 2026. Le président de l’association doit présenter prochainement aux 22 cantons membres un « kit de démarrage » destiné à harmoniser le dispositif à l’échelle nationale, avec une perspective opérationnelle au début de 2027.

Une réponse à l’inaction perçue à Berne

Cette initiative cantonale intervient comme une réponse à ce que nombre d’acteurs estiment être une lenteur fédérale. Malgré une initiative parlementaire largement soutenue il y a trois ans, aucun texte de loi n’a encore été adopté.

« Cette lenteur dans la mise en place va coûter des vies, et ça, c’est insupportable », a déclaré Céline Amaudruz, conseillère nationale UDC et initiatrice du dossier.

Dans Mise au Point, Amaudruz exprime son incompréhension face à ce retard et appelle à une accélération des démarches.

Ce que révèle le projet-pilote zurichois

Entre 2023 et 2024, le canton de Zurich a mené le premier projet-pilote de surveillance électronique dynamique en Suisse. Les résultats, récents, montrent que la participation de la victime est déterminante et que le système peut déclencher une alerte rapide en cas d’approche de l’auteur. Un autre enseignement porte sur l’ampleur du rayon d’interdiction: deux kilomètres afin de laisser la police le temps d’intervenir.

Pour Vassilis Venizelos, la mise en œuvre à l’échelle nationale exigera la mise en place d’un site opérationnel, le recrutement de personnels et un modèle de financement accordé entre cantons.

L’exemple espagnol est souvent cité: utilisé depuis plus d’une décennie, ce dispositif y aurait entraîné une réduction des féminicides d’environ 30 %.

Des défis à relever pour une mise en œuvre nationale

Les acteurs soulignent que la réussite repose sur une synergie entre cantons: « on ne peut pas le faire seul », rappelle Céline Vara, conseillère d’État neuchâteloise en charge de la Sécurité. Le plan prévoit notamment la création d’une centrale nationale de surveillance multilingue et la consolidation du financement, du site et des ressources humaines.

Par ailleurs, une formation renforcée des policiers et des acteurs de la justice est nécessaire. Des protocoles d’engagement, un partage fluide des données et une communication adaptée doivent permettre une intervention rapide.

Le bracelet électronique: un outil parmi d’autres dans la lutte contre les violences conjugales

Les autorités insistent sur le fait que le bracelet électronique n’est qu’un élément parmi d’autres dans une approche globale. Il faut également renforcer la prévention et la sensibilisation, afin de déployer une palette de mesures coordonnées pour combattre ce fléau social.

Pour les familles de victimes, chaque jour compte: en Suisse, une femme est tuée en moyenne toutes les deux semaines dans un contexte de violence domestique. Un déploiement rapide et efficace de ce dispositif pourrait contribuer à sauver des vies.