Lucerne accueille Ark Nova : une salle de concert sculpturale d’Anish Kapoor au bord du lac des Quatre-Cantons

Lucerne accueille Ark Nova : une salle de concert sculpturale d’Anish Kapoor au bord du lac des Quatre-Cantons

Une œuvre architecturale et artistique au bord du lac de Lucerne

Située sur la berge du lac des Quatre-Cantons, face au célèbre centre culturel KKL de Lucerne, la structure Ark Nova se distingue autant par sa conception innovante que par son esthétique artistique. Posée sur une surface de gravier et de plaques d’acier élégantes, cette salle de concert gonflable a été conçue pour s’insérer harmonieusement dans le paysage, à proximité du Musée des Transports. Son design singulier est signé par le plasticien britannique Anish Kapoor, renommé internationalement pour ses sculptures imposantes, avec la collaboration de l’architecte japonais Arata Isozaki.

Une structure évoquant une aubergine géante aux connotations provocantes

La silhouette d’Ark Nova rappelle celle d’une aubergine géante, tant par sa couleur que par ses formes arrondies. Un passage ouvert traversant la structure lui confère un aspect davantage sensuel, voire suggestif. L’aspect provocateur de cette œuvre n’est pas anodin, car Anish Kapoor peut parfois faire preuve d’une certaine audace artistique. Il y a une décennie, deux de ses sculptures installées à Versailles avaient suscité des réactions controversées, représentant de façon métaphorique des figures sexuelles royalement symboliques.

Une salle de spectacle volontairement harmonieuse et apaisante

Une fois à l’intérieur, l’atmosphère d’Ark Nova est à la fois simple et rassurante. La salle de 300 places dispose de parois formées d’une seule toile en plastique, laissant pénétrer une lumière tamisée rose et violette qui crée une ambiance chaleureuse. La pièce est traversée par un élément central, une tige florale géante ressemblant à un lys, qui contribue à la fois à renforcer la stabilité structurelle et à favoriser une acoustique optimale. La conception intègre également un système de ventilation discret et une chaleur agréable, grâce notamment à l’effet de l’ensoleillement sur la membrane du dôme.

Une expérience musicale diversifiée lors du Festival de Lucerne

Jusqu’au 14 septembre, Ark Nova accueille des représentations en tant qu’extension du prestigieux Festival de Lucerne. Y sont programmés des concerts de musique classique, comme c’est le cas au KKL, mais aussi des genres plus variés, allant du folk au jazz, avec des influences japonaises et sud-américaines, étendant la diversité du spectacle vivant. Notamment, la pianiste vaudoise Sylvie Courvoisier y célèbrera la remise de son Grand prix suisse de la musique le jeudi 11 septembre.

Une œuvre née d’une crise humanitaire et symbolique

L’histoire d’Ark Nova est marquée par sa genèse liée à une catastrophe naturelle. Après le tsunami dévastateur de Fukushima en mars 2011, Michael Haefliger, directeur du Festival de Lucerne, a initié un projet humanitaire visant à soutenir la reconstruction culturelle au Japon. L’idée principale a été de concevoir une salle mobile, facilement déplaçable, afin de pallier l’absence d’infrastructures dans les zones touchées. La structure a ainsi été installée dans plusieurs villes japonaises, notamment Matsushima, Sendai, Fukushima et Tokyo, avant d’arriver à Lucerne en 2013. Depuis lors, Ark Nova symbolise à la fois la solidarité et l’innovation dans le domaine culturel.

Un financement discret mais volontairement opaque

Le coût de ce projet n’a pas été officiellement communiqué. La Fondation du Festival de Lucerne indique que l’ensemble de l’opération a été financé exclusivement par des fonds privés, notamment via ses partenaires financiers tels que UBS et Zurich. La gestion financière reste donc opaque, conformément à la volonté de l’organisation de préserver la confidentialité des sources de financement.

Une initiative symbolique dans un contexte local fragile

Lucerne, régulièrement exposée à des inondations ou à d’autres événements météorologiques extrêmes, n’a pas connu jusqu’à présent de tsunami. La présence d’Ark Nova en Suisse apparaît davantage comme un geste symbolique ou une marque de prestige, renforçant l’offre touristique de la ville, surtout durant la période du festival. Après sa programmation à Lucerne, la structure pourra retourner au Japon, son pays d’origine, dans un avenir encore incertain.