La Première ministre japonaise et Taïwan : tensions avec Pékin et implications pour la défense collective

La Première ministre japonaise et Taïwan : tensions avec Pékin et implications pour la défense collective

Contexte et propos de la Première ministre

Le 7 novembre, lors d’un échange avec un élu de l’opposition, Sanae Takaichi a déclaré que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l’envoi de troupes japonaises pour défendre l’île.

Elle a précisé que ce scénario serait susceptible d’être interprété comme une situation critique pour les intérêts vitaux du Japon, compte tenu de la proximité géographique de Taïwan et de l’importance des voies maritimes pour les échanges commerciaux.

La parlementaire a ajouté que cela pourrait entraîner l’intervention des forces d’autodéfense japonaises, soutenue par le mécanisme de défense collective destiné à protéger un pays étroitement lié au Japon. L’application de ce dispositif reste toutefois très restrictive.

Position officielle et cadre diplomatique

Du côté de Pékin, ces remarques apparaissent comme une ingérence dans les affaires intérieures et vont à l’encontre de la position qui avait été définie par Tokyo en 1992 lors du rétablissement des relations diplomatiques. Les deux pays avaient signé un communiqué conjoint indiquant que le Japon comprend et respecte le fait que Taïwan est une partie intégrante de la République populaire de Chine; néanmoins, la position officielle du Japon demeure inchangée.

La nouvelle Première ministre, reconnue pour son nationalisme, avait déjà exprimé par le passé son soutien à Taïwan dans des livres et des entretiens. Fin 2021, elle avait déclaré qu’en tant que chef du gouvernement, elle mènerait des exercices militaires conjoints entre le Japon et Taïwan. Ces éléments n’ont pas échappé aux diplomates chinois.

Tensions et répercussions

La réaction chinoise a été virulente: le consul général à Osaka aurait évoqué une réponse extrême et demandé la convocation des ambassadeurs des deux pays. Pékin a également intensifié les protestations et adopté des sanctions indirectes mais effectives, appelant ses ressortissants à éviter le Japon. Cette recommandation pèse sur le secteur touristique japonais, déjà fragilisé par un climat de xénophobie lié au surtourisme chinois.

Des événements bilatéraux ont été reportés et les échanges se multiplient dans un contexte de tensions persistantes. Des messages sur les réseaux sociaux et des interventions publiques ont alimenté les échanges entre les deux capitales. Le haut responsable du ministère japonais des Affaires étrangères chargé des affaires Asie-Pacifique a été reçu par son interlocuteur chinois, qui a réitéré ses protestations au sujet des propos attribués à la Première ministre.