Greenpeace Suisse révèle des niveaux inquiétants de substances chimiques dans des vêtements Shein
Analyses sur des vêtements Shein : niveaux alarmants de phtalates et PFAS
Dans le cadre d’analyses menées sur des articles livrés en Suisse, des bottes de pluie pour femmes présentent un taux de phtalates 71 fois supérieur aux limites autorisées, selon le rapport relayé jeudi par la section suisse de Greenpeace.
Outre les phtalates, des PFAS — des polluants persistants utilisés pour leurs propriétés hydrofuges et antisalissure — ont été détectés dans certains des articles contrôlés.
Impacts potentiels sur la santé et l’environnement
Ces substances ont été associées à divers problèmes de santé, notamment certains cancers, des perturbations du développement chez l’enfant et un affaiblissement du système immunitaire. Les travailleurs et l’environnement des pays producteurs sont particulièrement exposés, et les consommateurs peuvent être exposés par contact cutané, transpiration ou inhalation de fibres lors du lavage ou du recours à ces vêtements. Lorsque ces textiles sont traités ou jetés, les substances peuvent se retrouver dans les eaux, les sols et la chaîne alimentaire.
“Nos résultats montrent clairement que l’autorégulation volontaire de Shein ne vaut rien”, a déclaré Joëlle Hérin, experte consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse.
Antécédents et réponses des ONG
Greenpeace Allemagne avait déjà détecté, en 2022, des substances chimiques dangereuses dans des articles Shein dépassant les limites légales de l’Union européenne. L’entreprise avait alors retiré les articles concernés et annoncé vouloir « améliorer considérablement sa gestion des produits chimiques ».
Une enquête ultérieure, intitulée « Shame on You, Shein », montre toutefois que cette promesse n’a pas été suivie d’effet, selon Greenpeace Suisse. Joëlle Hérin estime que les produits signalés lors de tests précédents réapparaissent sous une forme quasi identique, avec les mêmes substances dangereuses.
Appel à une législation plus stricte
Pour Greenpeace, il faut une loi plus ferme afin de mettre fin à l’accumulation de vêtements et de responsabiliser les fabricants, à l’image de l’exemple français. L’ONG appelle à étendre la réglementation suisse sur les produits chimiques à tous les articles vendus en Suisse, y compris via des plateformes étrangères, et à imposer des critères de durabilité, de fiabilité et de réparabilité pour les textiles et les chaussures.
Elle préconise également une taxe anticipée sur l’ensemble des textiles, la valeur de cette taxe étant plus élevée pour les vêtements de mode éphémère.
Réaction de Shein
Selon l’agence Keystone-ATS, Shein affirme prendre la sécurité de ses produits « très au sérieux ». Le service de presse précise que les résultats transmis par Greenpeace n’avaient pas été communiqués à l’avance et n’ont pas été vérifiés au préalable. L’entreprise indique travailler avec des agences de test et d’assurance qualité reconnues internationalement pour éviter tout produit non conforme sur son site, et rappelle que des mesures peuvent être prises immédiatement en cas de problème, y compris le retrait de produits ou la radiation de vendeurs.
Source: Keystone-ATS.