Valais: un rapport secret de six ans sur le management du service immobilier et patrimoine

Valais: un rapport secret de six ans sur le management du service immobilier et patrimoine

Contexte et décisions organisationnelles dans le Valais (2019)

En 2019, le canton du Valais annonce la scission du service des bâtiments, monuments et archéologie en deux entités distinctes. L’archéologie rejoint le service de la culture pour gagner en cohérence, tandis que le reste du service est rattaché au Département des finances et de l’énergie afin de piloter un fonds couvrant l’ensemble des coûts des locaux immobiliers des services cantonaux.

Cette décision a été prise par le conseiller d’État Jacques Melly, alors en fonction, et motivée uniquement par des considérations stratégiques selon le Canton. Neuf jours avant cette communication, le Canton reçoit les conclusions d’un rapport qu’il avait commandé pour analyser le fonctionnement du service à l’époque et les relations hiérarchiques en son sein.

Le rapport et les protagonistes

Le document révèle un conflit de personnes insurmontable entre le chef du service, l’architecte cantonal Philippe Venetz, et la responsable de la section archéologie Caroline Brunetti. Tous deux jugent impossible de poursuivre une collaboration professionnelle et s’adressent des reproches personnels sans voir de solution envisageable.

Le rapport détaille également le management du chef de service, le décrivant comme impulsif et imprévisible, une conduite susceptible de perturber le fonctionnement du service.

Des recommandations qui s’éloignent des décisions prises

Si l’analyse évoque une option de séparation des entités, elle recommande toutefois de ne pas bouleverser l’organisation. Les auteurs estiment qu’il était préférable de ne pas opérer de tels changements, arguant que deux personnes ne peuvent pas travailler ensemble. En clair, ils proposent une séparation du service du chef de service et/ou de la responsable de l’archéologie. Le Canton n’a pas suivi cette voie et a scindé le service tout en maintenant Venetz et Brunetti en poste.

Suite et mesures postérieures au rapport

Suite à ces éléments, un groupe de travail composé de cadres de l’administration est chargé d’examiner les mesures d’amélioration, avec le soutien d’un cabinet externe de coaching. L’objectif était d’évaluer et de renforcer les compétences managériales du chef de service, mais le cabinet de coaching n’a pas pu se prononcer sur les progrès envisagés en raison d’un « manque d’intérêt évident du coaché pour ce processus ».

Situation actuelle et perceptions au sein du canton

Six ans après ces écrits, la situation au sein du service immobilier et patrimoine est présentée comme apaisée par le canton, avec des taux d’absentéisme et de turnover situés dans les moyennes de l’administration. Néanmoins, plusieurs cadres contactés avancent que le chef n’est pas à sa place, dénonçant une personnalité colérique et inflexible qui complique les échanges, ainsi que des critiques sur la préparation des séances, les annulations de dernière minute, et l’absence d’ordre du jour et de procès-verbaux, sous anonymat.

Réactions et dénégations

Philippe Venetz se dit très étonné par ces critiques et assure avoir pris conscience des failles managériales identifiées pour les corriger. Sa ministre de tutelle, Franziska Biner, indique n’avoir reçu aucune plainte officielle et affirme n’avoir rien à reprocher à ce jour à Venetz, ajoutant qu’elle réfléchit désormais aux suites à donner aux reproches formulés par des cadres.

Conclusion

Le dossier retrace un épisode complexe mêlant réorganisations publiques, tensions professionnelles et questions de management, sans que les conclusions initiales aient été entièrement suivies par l’autorité cantonale.