Deux hommes accusés de soutien à l’EI : réquisitions lourdes et aveux partiels
Contexte du procès et réquisitions du ministère public
Le Ministère public fédéral exige des peines substantielles après l’examen des faits. Pour le principal prévenu, présenté comme l’émir de l’antenne genevoise d’un groupe terroriste d’origine kosovare, le MPC a requis neuf années de détention, accompagnées d’une expulsion de longue durée du territoire suisse.
La procureure fédérale a décrit une culpabilité grave et une énergie criminelle élevée. Selon elle, le prévenu kosovar de 37 ans aurait adhéré sans réserve aux objectifs violents de l’organisation et aurait occupé un rôle central, supervisant le financement et le recrutement. Son adhésion à l’idéologie de l’État islamique aurait été totale, avec des éléments aggravants tels que des faits d’escroquerie, de blanchiment et de corruption.
Pour le second prévenu — de nationalités suisse et macédonienne —, le MPC demande une peine de neuf ans et demi de prison. Son implication dans le groupe terroriste serait plus limitée, mais il aurait commis diverses infractions pénales pendant la période examinée.
Récits des prévenus et aveux partiels
Lors de la première journée d’audience, les deux prévenus ont reconnu une large partie des faits et exprimé des regrets, indiquant leur volonté de tourner la page.
Le principal accusé a indiqué s’être radicalisé en 2014 après la lecture de textes wahhabites, avant d’adhérer à l’idéologie de l’EI. Il affirme aujourd’hui s’en être distancé et ne plus reconnaître cette idéologie comme compatible avec les valeurs transmises par son père.
Avis du second prévenu
Le second prévenu a évoqué une adhésion temporaire à l’EI, suivie d’une distance progressive. Il affirme avoir pris conscience de ses erreurs dès la première nuit en détention, et il a reconnu que sa vie n’avait pas été irréprochable. Confronté aux déclarations du premier accusé, il a souvent plaidé l’ignorance.
Soutien logistique et financement
Les prévenus ont reconnu avoir collecté des fonds à Genève pour les Frères de Viti, un groupe actif au Kosovo que le Ministère public décrit comme organisation terroriste. Selon la procureure, ce réseau visait à renverser militairement une région du Kosovo et à instaurer un califat affilié à l’EI.
Ils auraient collecté près de 80 000 francs à Genève et permis l’achat d’armes par le groupe, lequel aurait acquis une vingtaine de kalachnikovs, quelques pistolets et 3 000 munitions. Les prévenus nuancent toutefois l’ampleur: selon eux, ces armes n’auraient pas permis de prendre le contrôle d’un territoire. Le principal accusé affirme qu’il ne s’agissait pas de viser des civils et que ces armes étaient destinées à des usages défensifs selon son complice.
Cadre juridique et critères du terrorisme
Le MPC soutient que les Frères de Viti constituaient bien une organisation terroriste, et non une simple association. La magistrate a rejeté les dénégations des prévenus et a rappelé les critères légaux : structure organisée, réseau de communication secret, recrutement, répartition des tâches et objectifs d’une dangerosité extrême.
Elle estime que les armes acquises avaient pour objectif éventuel de permettre la prise de contrôle d’une zone du Kosovo et d’établir un califat inspiré du modèle EI en Irak et en Syrie.
Prochaines étapes et cadre procédural
La journée suivante sera consacrée aux plaidoiries des avocats des deux prévenus, qui restent présumés innocents jusqu’à preuve du contraire.