Inside Gaza : des journalistes palestiniens au cœur du récit — un documentaire franco-belge sur la couverture AFP à Gaza

Inside Gaza : des journalistes palestiniens au cœur du récit — un documentaire franco-belge sur la couverture AFP à Gaza

Contexte et production

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La coproduction franco-belge est soutenue notamment par la RTS. Le film réunit des images, vidéos et témoignages des journalistes du bureau de l’AFP à Gaza, soumis par Israël à un blocus informationnel depuis plus de deux ans. Devenus eux-mêmes des cibles, de nombreux reporters sont parvenus à diffuser quelques reportages, mais les conditions de tournage restent largement méconnues.

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Des voix du terrain

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À partir de centaines d’heures de rushes et d’articles produits pendant leur enfermement à Gaza, Hélène Lam Trong donne la parole à Mai Yaghi, Adel El-Zaanoun, Mohammed Abed et Mahmud Hams. Ils racontent leur incrédulité face à l’escalade de la violence, l’omniprésence des morts et des blessés, mais aussi la survie et le sentiment d’impuissance d’un métier désormais attaqué par la propagande.

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Entre deux feux

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La réalisatrice rappelle qu’il s’agit d’un contexte totalement inédit : la presse internationale ne peut pas se rendre sur un théâtre de guerre avec des enjeux géopolitiques aussi forts. « La quasi-totalité des images et des informations qui sortent de Gaza ont été mises en cause par l’armée israélienne », affirme-t-elle.

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Elle ajoute que « ce sont des journalistes qui ont toujours été pris entre deux feux, littéralement, et ça a commencé bien avant le 7 octobre ». « Dire qu’il n’y a pas de journalistes, c’est aussi dire qu’il n’y a pas de civils, et que tout le monde est un peu coupable sur le terrain », rappelle Hélène Lam Trong.

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Dans le film, des journalistes ont été blessés par le passé par l’armée israélienne et ont été accusés d’avoir bidonné des sujets. Ce sont aussi des reporters qui se battent au quotidien pour exercer sur un territoire tenu par le Hamas. Ils ont eu beaucoup de difficultés à trouver une place. Cela témoigne, en partie, qu’ils étaient au bon endroit. Les journalistes ne cherchent ni à se faire des amis, ni côté israélien ni du Hamas.

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Attaques venues de l’Occident

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Elle note aussi que des attaques peuvent venir des médias occidentaux : « C’est aussi complètement inédit ! Reporters sans frontières rappelle régulièrement que cela n’arrive presque jamais lorsque des confrères remettent en cause le fait qu’ils défendent vraiment des journalistes ». Cela fait partie de ce qu’elle appelle une guerre de l’information: dire qu’il n’y a pas de journalistes équivaut à nier l’existence de civils et à rendre tout le monde partiellement coupable sur le terrain.

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Réflexions sur le traitement et la diffusion

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Interrogée sur son rapport au film, Hélène Lam Trong confie avoir été marquée par un sentiment d’impuissance : « La difficulté, c’est de sortir une trame narrative d’un quotidien extrêmement répétitif. C’est un enjeu journalistique majeur : comment raconter une guerre qui se déroule jour après jour depuis deux ans ? »

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Elle explique avoir dû sélectionner les images pour rendre le documentaire diffusables à un public occidental. « Mon travail a surtout consisté à trouver une forme de récit qui rende justice au travail de nos confrères, sans occulter la réalité mais en l’édulcorant suffisamment pour que ça puisse être regardé par un public suisse, français ou belge. »

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Diffusion et crédits

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Le documentaire est disponible sur Play RTS jusqu’au 20 janvier 2026, sous le titre Inside Gaza – Des journalistes sous les bombes.

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Propos recueillis par Coralie Claude et Anne Fournier; texte web : Pierrik Jordan.